Le projet FORCCAST
Du 10 au 12 décembre 2019, nous nous sommes retrouvés avec une vingtaine de camarades de classe de première et quatre professeurs, en plein milieu de la capitale française. Hoo Paris ! Oui, enfin… ce n’était pas réellement les vacances. En fait, nous étions les heureux participants du projet Forccast, porté par Sciences Po Paris depuis 2012. Forccast est l’acronyme pour : Formation par la Cartographie des Controverses à l’Analyse des Sciences et des Techniques. Bon, en gros, il s’agit d’un projet qui s’est déroulé en deux temps : en amont nous devions faire une recherche approfondie sur un sujet actuel très controversé (un premier groupe travaillait sur l’huile de palme et un second sur le glyphosate) et par la suite nous avions à simuler des débats entre différents acteurs concernés par ces controverses. Forccast, c’est aussi l’occasion de rencontrer des élèves venant d’horizons différents comme le Portugal, la Grèce ou encore l’Autriche. C’est donc une aventure qui nous a vraiment passionnés.
Tout a commencé mi-septembre. Les volontaires se sont inscrits au projet et un des deux sujets leur a été attribué. Puis chaque mardi midi, nous retrouvions notre groupe pour faire des recherches et partager nos trouvailles. Pour notre part, nous traitions du sujet sur le glyphosate. L’objectif était de trouver des arguments scientifiques en faveur de ce pesticide, et d’autres arguments contre. On se plongeait dans l’univers des professionnels concernés par ces controverses (scientifiques, agriculteurs, entreprise agro-chimique, insititut de santé…) afin de savoir s’il faut interdire l’utilisation du glyphosate au sein de l’Union Européenne, la réguler ou si l’on pouvait l’augmenter de plus belle sans conséquence alarmante.
Concrètement, le projet Forccast accompagne les élèves dans un apprentissage multiforme. Non seulement, on a dû construire un esprit critique vis-à-vis de ce qu’on lisait, sachant que de nos jours de nombreuses « fake news » parcourent le Web. Mais en plus, la recherche d’arguments sur des controverses actuelles telles que l’interdiction de l’huile de palme ou les conséquences environnementales de sa culture, a approfondi nos connaissances sur ces sujets : qui n’avait jamais entendu parler de l’huile de palme ? Non, vraiment, on n’y connaissait pas grand chose. Mais aujourd’hui même après 3 mois, nous sommes pour la plupart capables d’expliquer en détails la controverse et de citer les acteurs clés de celle-ci ainsi que leurs arguments.
Mais la richesse de ce projet vient du fait qu’il ne se limite pas à la recherche scientifique. Cela va bien au-delà. Nous avons en effet travaillé plusieurs heures sur l’art oratoire : la faculté à s’exprimer avec éloquence et clarté. Ainsi, nous avons suivi des cours d’expression orale avec Mme Gerwann, professeure au Lycée français Vincent van Gogh et lorsque nous sommes arrivés à Paris, nous avons même eu la chance de travailler avec des comédiens. Répartis en 4 groupe avec les élèves des autres lycées, nous avons eu un cours accéléré d’art oratoire. C’est à dire que nous nous sommes entrainés à : poser notre voix, faire en sorte de la faire résonner dans la salle à la juste tonalité et la juste force et surtout nous avons travaillé sur le personnage que nous représentions : quelle était son histoire ? Comment se tenait-il ? Comment s’exprimait-il ? Comment pouvait-il convaincre ?…
Ces joutes oratoires se sont concrétisées lors du débat que nous avons finalement mené l’après-midi du 11 décembre : la pièce finale du projet. Nous nous sommes retrouvés à 40 environ dans une des bibliothèques de Science-po, assis face à face pour enfin confronter nos arguments. A peine étions nous entrés dans la salle que l’atmosphère avait changé, nous n’étions plus Louise et Camille mais bel et bien les représentantes de Monsanto ou l’Inserm. Commença alors un long affrontement : les députés introduisirent le sujet sur le glyphosate (dans notre groupe), puis donnèrent la parole à l’Assemblée. Nous avons tout fait pour garder une attitude pacifique mais certains débordements n’ont pu être évités (dans une bonne ambiance tout de même). Monsanto s’est montré très convaincant malgré les lourdes accusations de la part des instituts de santé et les agriculteurs ont su habilement attirer la compassion du public composé des professeurs et accompagnateurs… N’ayant trouvé aucune solution, les députés ont clos le débat une heure plus tard. Nous avons pu faire un rapide compte-rendu avec nos camarades et puis avons commencé un deuxième débat en changeant de rôle.
La fin de ces simulations est arrivée bien vite. Nous avons alors assisté à la cérémonie de fermeture où le chef de projet nous a félicité pour notre engagement durant Forccast, notre énergie et les connaissances que nous avons nous-même réussi à lui transmettre durant les débats. Alors que le projet Forccast était terminé, nous sommes allés visiter le musée d’Orsay! Quoi de mieux pour clore ce voyage qu’une bonne visite guidée de la part de monsieur Cauchois ?
Bon, du coup…que doit-on retenir de ce projet ? Déjà, on ne va pas se mentir, à cause de la grève c’était réveil à 6 heures du matin et beaucoup de marche : 26km à pied en 3 jours. Le projet Forccast nous a donc apporté beaucoup de courbatures ! Mais plus sérieusement… nous avons développé notre aptitude à improviser, à nous exprimer, à argumenter; nous avons acquis beaucoup de connaissances sur des sujets qui sont très peu abordés dans les lycées alors qu’ils ont une grande importance dans le monde aujourd’hui. Par ailleurs, la recherches d’arguments pour 2 acteurs nous a permis de découvrir les différentes facettes du débat. En effet, certains et certaines ont décidé de choisir deux acteurs qui se trouvent de part et d’autre du débat. Surtout nous les avons étudiés avec un regard scientifique ce qui est d’autant plus intéressant car rappelons-nous : “La politique ne fait pas sans la science et la science ne fait pas sans la politique”.
Encore un grand merci aux professeurs qui nous ont accompagnés : M. Cauchois, Mme Gerwann, Mme Paulic et Mme Van Driel. Merci de nous avoir donné cette opportunité et de nous avoir aidés jusqu’au bout !
Louise et Camille